Elena devait travailler ce soir, comme chaque soir en réalité, mais c’était plus un plaisir qu’un travail. Il est vrai que vu de l’extérieur son job peut paraitre dégradant et désagréable. Et pourtant elle prenait plaisir à le faire, elle pouvait choisir les clients avec qui elle acceptait de coucher, elle était plus que bien payée et les hommes la traitaient comme une reine, lui apportant parfois des cadeaux, des bijoux ou même juste des fleurs. C’était comme s’ils essayaient de la séduire, et se faire séduire par les hommes les plus riches et puissant de Venise n’avait rien de dégradant et de désagréable au contraire. L’un d’entre eux était d’ailleurs plus attentionné que les autres, c’était lui qui lui avait offert le collier qu’elle portait ce soir, il était toujours doux et gentil avec elle, et il demandait sa compagnie dès qu’il venait. Visite de plus en plus fréquente, comme s’il voulait profiter au maximum du temps passé avec elle, mais ce qu’il ignorait c’est qu’il passait déjà ses journées avec elle. Et oui cet homme n’était autre que Massimo Galluci, l’un des meilleurs amis de la belle brune, et même s’il parlait parfois à Elena de cette mystérieuse danseuse elle ne lui avouait jamais qu’il s’agissait d’elle. Par honte peut-être, elle ne voulait pas que son regard change sur elle, mais aussi parce qu’une fois le mensonge lancé il est difficile de dire la vérité sans faire souffrir son interlocuteur, et puis une fois le charme de l’anonymat brisé que leur resterait-il ?! On ne pouvait pas dire que l’italienne était amoureuse du jeune homme, elle l’appréciait avant même de le connaître comme client, et elle n’arrêtait pas pour autant ses parties de jambes en l’air avec les autres puissances vénitiennes, mais elle s’était attachée à cette relation, si on pouvait appeler ça de cette façon. La jolie brune se mit un peu de gloss après avoir relever ses cheveux pour dévoiler sa nuque, elle avait toujours trouvé ça sensuel et espérait qu’il en était de même pour ses clients. Son maquillage et sa coiffure terminés elle retira le kimono en soie qu’elle portait pour s’habiller. En dessous elle ne portait qu’un soutien gorge sans bretelle noir, la dentelle qui s’étalait sur la poitrine renforçait son bronzage, le bas était d’ailleurs assorti, un petit shorty légèrement transparent avec porte jarretelle pour tenir ses bas coutures dont une ligne noir descendait derrière la jambe de la jolie danseuse. Elle enfila alors une robe noire qui ne dévoilait qu’une épaule et une paire de low boots de la même couleur, elle aimait porter du noir, c’était une couleur qui la mettait en valeur. Après quelques goutes de parfum la jeune posa un loup sur son visage, masquant partiellement son regard, il s’agissait de son arme de séduction mais aussi de sa seule chance de pouvoir travailler ici. Elle pouvait enfin descendre de sa chambre, la chambre que lui offrait son patron, celle où elle emmenait ses meilleurs clients. En bas la fête était déjà bien avancée, les filles dansaient sur l’estrade et les hommes buvaient sans les quitter du regard. Massimo était là, comme d’autres bons clients, celui qu’elle reconnu mais qu’elle ne voyait que rarement, c’était Damiano Ricci, encore un ami d’enfance, un autre homme qu’elle ne voulait surtout pas laisser entre les mains de ses collègues. D’un signe de la main elle ordonna au DJ de changer de musique, elle voulait faire une entrée remarquée comme toujours, et elle n’était pas l’une des meilleures danseuses pour rien, il fallait qu’elle le prouve. Les autres filles s’écartèrent de son chemin tandis qu’elle montait sur l’estrade sous une lumière tamisée des plus sexy.

ELENA & MASSIMO - WE JUST DON'T CARE .

« I though I knew you. I though you were the one. I though well. »

On a beau être riche, puissant et plein d'ambition parfois il nous manque quand même quelque chose. Ce petit quelque chose fou toute notre vie en l'air, nous bouffe jusqu'à ce qu'on se trouve coincé à être obligé de le supporter jusqu'à la fin. Ce manque est là pour nous faire mal, pour nous faire souffrir et aussi pour qu'on se rend compte qu'il est bel et bien réel et puissant. Pour qu'on se rende compte qu'il y a plus puissant que nous même, avec nos pouvoirs sur le monde. Oui, il y a bien plus puissant et plus important que ce qu'on est capable de faire politiquement ou économiquement. Il y a cette passion pour quelque chose qui nous obsède et nous manque, donc, lorsqu'elle n'est pas là. Voici l'histoire, en simplifié, de Massimo Galluci. Passionné par sa famille et tout ce qui tourne autour de la politique de son pays, il a un secret qu'il a toujours gardé. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Car ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il s'est enfoncé dans une situation plus que ... complexe.

Il n'était pas très tard dans la soirée et Massimo n'était pas du tout fatigué mais plutôt en pleine forme et prêt à faire quelque chose de sa soirée. Massimo ne pouvait pas vraiment appelé quelqu'un pour sortir avec lui. Il n'avait pas les goûts des gens normaux .. Lui, il aimait sortir tard le soir dans des clubs pour y rencontrer des filles et finir même complètement ailleurs avec elle - si c'était possible de dire ça comme cela. Il n'était pas du tout le genre à aller au cinéma avec sa copine et encore moins à aller au restaurant et à lui dire je t'aime. Il était le genre de garçon à ne jamais avouer ses sentiments et à se cacher de toute responsabilité. La seule personne qu'il aimait bien voir, c'était Elena. C'était sa meilleure amie depuis maintenant assez longtemps et ce que Massimo trouvait de bien chez elle, c'est qu'elle était toujours présente et qu'elle comprenait tout. Elle était gentille, mignonne et surtout complètement en dehors de cette vie de débauche que le jeune homme cachait. Oui, certes, il n'était pas totalement lui quand il était avec elle mais peut-être qu'elle n'ont plus ne l'était pas alors ... pourquoi se prendre la tête ? Il n'était donc pas assez tard pour aller au club, il fallait trouver un petit truc à faire pendant encore ... disons ... une petite heure. Prêt à se mettre à travailler un peu avant d'y aller, Massimo fut surpris par un mail qui sortait de son ordinateur avec un petit cling. Pas assez tard pour aller au club mais bien trop tard pour recevoir un mail. Surpris, il se dirigea vers l'ordinateur et l'ouvrit. C'était un message d'un nom et d'un prénom qu'il ne connaissait pas. Ce ne semblait même pas venisien, plutôt américain.

Citation :

Il va falloir que tu choisisses ton camp, Galluci.

S'il y avait une chose que Elena détestait c'était de faire un choix. Elle faisait parti de ces femmes qui voulaient tout sans avoir besoin de rien, et lorsqu'elle avait à choisir elle le regrettait toujours après, comme toujours elle s'apprêtait à faire le mauvais choix, mais ça la jolie brune l'ignorait encore... Le temps d'une chanson elle se trémoussa sur l'estrade, montrant aux meilleurs clients sa présence, c'était sa manière de leur signifier qu'elle valait mieux que les autres danseuses et que s'ils voulaient avoir la joie de la côtoyer quelques heures ils devraient faire monter les enchères. Mais ce soir là la belle était certes souriante en dansant mais néanmoins préoccupée, elle hésitait, devait elle aller charmer Damiano, cet homme dont toutes les femmes rêvent et qui parait si inaccessible ou devait-elle retourner dans les bras de Massimo, dans lesquels elle se sentait si bien?! Après tout elle voyait Massimo presque tous les jours, que ce soit en Elena ou en Lya, il ne lui en voudrait pas de passer la soirée avec un autre homme, elle ne l'avait jamais vu être jaloux de qui que ce soit, le jeune homme clamait régulièrement être sans attache. Et puis Damiano ne venait que rarement au club, et même en journée elle ne le voyait quasiment pas ce dernier travaillant tout le temps. Le seul petit hic était la relation qu'il entretenait avec Eleo, une des meilleures amies de la jolie brune, bien qu'elle ne sache pas si cette relation cachée était toujours d'actualité, coucher avec Damiano serait une trahison dans tous les cas. La raison la poussait donc dans les bras de son meilleur ami, et pourtant en descendant de l'estrade c'est vers le Ricci qu'elle se dirigea, le goût du risque était trop fort et effaçait tout son raisonnement précédent. Agir et réfléchir quand on n'a plus le choix, voilà ce que la danseuse faisait toujours, et elle n'était pas du genre à perdre ses vieilles habitudes.
Lorsqu'il la vit arriver son nouveau client sourit immédiatement, sourire qu'elle lui rendit oubliant ainsi toutes ses préoccupations. C'est alors qu'elle entrepris une danse sensuelle sous les yeux du jeune homme, effleurant son visage du bout des doigts, déposant parfois des baisers dans son cou, se collant contre son corps pour s'éloigner immédiatement afin qu'il l'attire à nouveau vers lui. Elle ne le lâchait jamais du regard, ce regard provocateur qu'elle n'offrait qu'aux clients avec qui elle voulait coucher, et il était difficile de savoir lequel des deux hypnotisait l'autre, elle ondulait des hanches tandis que les mains de son client effleuraient ses cuisses remontant petit à petit sous sa robe... Elle aimait à penser qu'elle n'était plus elle-même dans ses moments là, bien que ce soit faux, cela lui servait d'excuse pour tout ce qu'elle faisait dans ce club, et ce soir là cela lui servit d'excuse pour séduire Damiano. Au fond elle savait que Massimo l'attendait à sa table habituel, et elle espérait qu'il ne la voie pas de là où il était, non pas qu'elle s'attende à ce qu'il le vive mal mais elle ne voulait en aucun cas le faire souffrir, ni même prendre le risque de lui faire du mal. Elena fini tout de même par lâcher du regard le beau brun, elle voulait vérifier que la plupart des clients soient occupés pour pouvoir emmener Damiano dans sa chambre sans que cela ne soit trop remarqué, la discrétion étant le maitre mot de l'établissement. Mais elle ne s'attendait pas à voir Massimo si près d'eux, et encore moins occupé à les observer d'un regard des plus noirs. Ce regard elle ne le connaissait pas, que ce soit en tant que Elena ou en tant que Lya, jamais elle n'avait vu son ami s'énerver. Elle prit donc la bouteille se trouvant sur la table et resservi Damiano, cela le ferait patienter le temps qu'elle aille parler à Massimo. Ce n'est qu'après lui avoir murmuré quelques mots à l'oreille et avoir déposé un baiser dans le coin de ses lèvres qu'elle retrouva son ami quelques mètres plus loin. Elle s'assit près de lui, déposant une main sur son genou avant de prendre la parole.

- Ce n'est pas votre table habituelle... Ce changement a un rapport avec cet air renfrogné?

Elena lui fit une moue sexy très exagérée, espérant lui arracher un sourire. Un peu plus loin elle pouvait apercevoir son patron en train de s'arracher les cheveux à l'idée que la jeune femme ai abandonné l'un des hommes les plus puissant de Venise. Mais elle s'en fichait, elle ne comptait pas décoller de cette place tant que Massimo aurait l'air de mauvaise humeur.